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On connaît bien la réputation de l’humour anglais ou l’excentricité qui se cache derrière la comédie italienne. Par contre, l’humour français est peu connu dans le monde entier. Certains doutent même de l’existence d’un humour à la française. En effet, les films qui ont fait le succès de Louis de Funès ne semblent pas atteindre les étrangers. Le second degré, l’autodérision, la caricature, etc. ces termes peuvent-ils être associés à l’humour hexagonal ?

L’humour : un terme méconnu en France

Avant la Révolution française de 1789, ce mot « humour » était méconnu à la cour des Bourbons. Les Français utilisaient bien des termes similaires comme « humeur », « farce » ou encore « bouffonnerie », mais jamais le mot « humour ». Et pour cause, cette forme d’esprit était associée à l’autodérision, un trait de caractère plutôt britannique.

D’ailleurs, Rabelais le mentionne dans la lettre Candide où un courtisan séjourne à la cour britannique. Il y découvre l’humour, cette forme de conversation qui fait rire l’assistance. Pourtant, il n’arrivait pas à trouver un mot pour le désigner en France.

L’adjectif « humoristique » n’entre dans le dictionnaire français qu’à partir de 1878. Un an après, l’écrivain Goncourt l’utilise pour la première fois dans son livre Les Frères Zemganno. Il faut attendre 1932 pour que les académiciens intègrent le mot « humour » dans la langue française en tant que nom commun.

Pourquoi l’humour n’avait-il pas sa place ?

Durant le règne de Louis XIV, l’esprit français était dominé par une certaine suffisance et fierté. Le Roi-Soleil n’autorisait aucune forme d’autodérision et de faiblesse. Il fallait toujours se montrer sous son meilleur jour. Une personne qui prend du recul et pose un regard critique sur sa condition signe sa mort sociale. Cet esprit est adopté par tout un peuple.

La révolution n’améliore pas ces conditions. Lorsque les jacobins arrivent au pouvoir, ils n’ont pas de temps de se consacrer à des amusements frivoles. L’humoriste n’a pas sa place dans la République.

L’humour français : dans la contestation ?

Aux yeux des étrangers, le français n’a pas le sens de l’humour puisqu’il n’est jamais content. Est-ce réellement le cas ? Les critiques anticléricales et sociales de Molière ne sont-elles pas des formes d’humour ? Ces caricatures et ces satires faisaient déjà grincer les hommes d’Église et les monarques à leur époque.

En France, se moquer de la religion et du pouvoir est devenu une tradition. Cet esprit critique et contestataire caractérise l’humour français. Ainsi, le Français qui a joui d’une réputation de n’être jamais content a façonné un humour sur mesure : politique, antireligieux et irrévérencieux.

L’humour se définit à travers la culture et l’histoire d’un pays. C’est pourquoi certains humoristes français ont du mal à démarrer une carrière aux États-Unis par exemple. C’est la raison pour laquelle les comédies américaines ne font pas forcément rire en France.

L’humour français : l’ironie à l’honneur

Si l’humour anglais est souvent associé à l’absurde et à l’humour noir, l’ironie est à l’honneur en France. Au fil des siècles, les Français ont su développer un genre d’esprit qui se situe entre la raillerie et le badinage.

En effet, le français affectionne le second degré et l’ironie. Il se sert de ces traits pour briller en société. Ainsi, on peut distinguer trois formes d’humour en France : critique, cynique et l’humour de banlieue.

Qu’en est-il de l’humour au cinéma ?

En France, les films comiques présentent toujours la recette gagnante pour enregistrer de belles performances au box-office. Le succès de la comédie française remonte aux années 60 avec des classiques comme La Grande Vadrouille qui a enregistré 17,3 millions d’entrées. Le record est ensuite battu par Bienvenue chez les Ch’tis en 2008.

Aujourd’hui, les critiques reprochent au cinéma d’avoir du mal à se réinventer. Les réalisateurs de films tentent de copier l’humour américain ou de se reposer sur les influences d’antan. La plupart des projets sont prévisibles. Les auteurs et les réalisateurs doivent se conformer aux exigences des chaînes productrices.

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